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Colère

La première chose qui me vient à l'esprit quand je pense à la colère, c'est à celles de mon père. Je pense à la façon dont il utilisait sa colère pour maintenir son ascendant sur moi, comment j'entrais en confrontation avec lui, où je tentais de me révolter, de me faire entendre, mais où je finissais toujours par me sentir écrasée.


Je pense aussi aux disputes de mes parents, quand ils se criant dessus, pour ensuite m'envoyer dans ma chambre pour pouvoir continuer à se disputer tranquillement. Sauf que je continuais à entendre leurs cris... Je trouvais injuste que ce soit à moi d'être mise à l'écart, alors que c'est eux qui perturbaient ma tranquillité. Ca aurait du être à eux de s'isoler, pas à moi.


Je pense aussi à mes colères d'enfant... Mais je n'arrive pas à écrire à ce sujet... C'est comme si mes doigts se figeaient au-dessus du clavier. Je me souviens que je criais, que je pleurais, que je me sentais seule et incomprise. Je me mettais en colère quand je ne voulais pas faire certaines choses mais qu'on m'obligeait à les faire quand même. C'est pour ça que les autres me rejetaient, parce que je me rebellais avec force et fracas.


Quand je pense à la colère aujourd'hui, c'est toujours lié à un sentiment de rejet. Dans mon couple, si Benjamin et moi nous nous disputerions, j'ai l'impression que ce serait la séparation à coup sûre. Quand il s'énerve, je cherche à tempérer les choses. J'ai alors l'impression que c'est la preuve qu'il ne m'aime plus, que je l'agace, qu'il ne me supporte plus.


J'ai l'impression que si je m'énerve, je vais blesser les gens que j'aime. S'énerver, c'est perdre pied de la réalité, c'est perdre le contrôle. La colère est destructrice, elle balaie tout sur son passage, elle est irrémédiable. La colère déchire, elle me met en pièce. J'ai l'impression que si je me laisse aller à la colère, je pourrais avoir des gestes violents.


Est-ce que j'ai déjà dit que mes 2 parents se faisaient battre étant petits ? Ils ne parlent pas beaucoup de ça, mais je sais qu'ils ont reçu tout deux des coups de façon régulière . Ils ont toujours mis un point d'honneur à ne pas reproduire ce comportement sur nous... Mais étant petite, je crois que je perçevais ça comme une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Quand Papa s'énervait, je me souviens de ses cris, de sa grosse voix, de cette impression qu'il se retenait de m'en retourner une.

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