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Au début, il y avait une question.


Quand j'ai commencé à pratiquer l'apnée, mon instructrice, Marie-Lorraine, m'en a demandé les raisons. Je n'avais pas vraiment de réponse claire. Certains apnéistes débutants sont là pour apprendre à gérer le stress, la relaxation, ou par défi personnel.


La seule raison que j'ai pu lui donner est que j'aime l'eau. J'ai toujours aimé l'eau, au point de m'y sentir plus à l'aise que sur la terre ferme.


Je connaissais la pratique de l'apnée depuis longtemps, mais j'imaginais un milieu axé sur la compétition, sur la volonté de vouloir toujours dépasser l'autre. Je ne connaissais rien à la pratique sportive, à ses différentes disciplines, à ses champions. Et l'idée de la compétition me rebutait un peu (beaucoup). Je ne voulais pas perdre de vue le plaisir que je prends à me retrouver dans l'élément liquide.


Au bout de 10 mois de pratique, j'ai découvert bien plus que ce que j'imaginais. Si on parle effectivement beaucoup de compétitions dans ce milieu, c'est loin d'être l'unique but. Ce que j'ai surtout découvert, c'est moi-même.


Lorsque je pratique l'apnée, la principale personne avec laquelle je suis en compétition, c'est moi. Mes peurs, mes limites, mes pensées. Et c'est bien la chose la plus difficile à dépasser.


Mon corps, je peux le gérer. Apaiser la brûlure des muscles sollicités par les longueurs en série, oublier la fatigue des bras prenant appui sur l'eau pour avancer, effacer la déshydratation qui suit l'effort physique... Les solutions sont à ma portée.


Mais mes émotions ? Le stress que génère le manque d'air, la crainte d'en manquer les signaux d'alerte, l'envie de fuir la douleur des contractions que mon corps déclenche pour me pousser à respirer... C'est bien plus complexe à apprivoiser. Et c'est cela, le véritable challenge !


Je me retrouve face à mes propres faiblesses mais j'apprends aussi à puiser dans mes ressources. Je cherche mes limites, souvent pour me rendre compte qu'elles ne sont pas là où je le pensais. Mes limites sont mentales, bien avant d'être physiques.


Lorsque je remonte en surface, je cherche à fuir mes sensations. Je n'ai pas envie de sentir le stress remonter de mon ventre jusqu'à ma gorge, les contractions m'envahir jusqu'à occuper tout mon esprit affolé.


Et pourtant, je reviens chaque semaine pour me confronter à cela.


Au delà de mon corps, je plonge en moi-même. J'apprivoise mes voix intérieures. Je cherche les murs que j'ai érigé. Ces murs qui m'empêche de voir l'infini de mes possibilités. Patiemment, je cherche la porte de sortie. Je déconstruis mes murs, je les contourne, les surmonte.


Le mur n'est pas une limite, c'est une base sur laquelle prendre appui.



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